daï ! #1
la nouvelle revue juive
Depuis le 7 octobre, l’antisémitisme a explosé en France, comme autorisé par l’horreur.
Depuis le 7 octobre, la vie de beaucoup de Juif·ves de gauche a basculé.
Depuis le 7 octobre, l’identité juive de beaucoup d’entre nous est revenue au premier plan. L’évènement a a minima éclairé notre judéité d’un jour nouveau.
Et dans cette sidération, nous nous sommes brutalement rendu compte de notre solitude à gauche. Solitude partagée par celles et ceux dont la judéité s’exprimait déjà au quotidien.
Brigitte Stora est docteure en psychanalyse et autrice de nombreux essais sur l’antisémitisme. Dans Que sont mes amis devenus, en 2016, elle alertait déjà sur ce qui allait occuper nos esprits les années qui ont suivi : l’impensé de l’antisémitisme à gauche. Elle publie aujourd’hui L’antisémitisme, un meurtre intime, essai dans lequel elle identifie les ressorts profonds de l’antisémitisme : la haine de l’altérité, une jubilation dans la récusation de la dette de l’Histoire vis à vis des Juifs et un rapport pathologique au désir. Daï l’a interrogée pour approfondir ces questions.
Alors que le Rassemblement National prétend défendre et représenter les Juifs, il convient de disséquer en détail ces prétentions : ce parti est toujours antisémite, que ce soit dans sa doctrine, dans son recrutement et son rapport à son propre passé. Les tentatives que ses cadres mènent pour se présenter en défenseurs des Juifs, sont, de leur propre aveu, un instrument de respectabilité et de division.
Le 7 octobre et ses déflagrations ont joué le rôle d’un révélateur pour l’expérience juive. Dans cette conversation croisée, Lucie, Mathilde et Ivan explorent leurs rapports au judaïsme avant et après le 7 octobre et les changements dans leur rapport au judaïsme, au militantisme et à Israël que les récents évènements opèrent en eux.
Le 17 juin, l’historienne Ludivine Bantigny et d’autres intellectuels ont affirmé dans un long texte de défense de Jean-Luc Mélenchon que les accusations d’antisémitisme à son encontre n’étaient qu’une disqualifaction infamante. Les historiens Tal Bruttmann et Christophe Tarricone leur répondent.
Lisa Hazan est franco-israélienne, ancienne soldate renvoyée de Tsahal et revenue en France pour ses études. Dans ce texte poignant, elle explore la psychologie collective qui sous-tend une expression proverbiale israélienne, ‘ad mataï, jusqu’à quand ? et ne se résigne pas. Si ce texte n’engage qu’elle, elle tient néanmoins à rappeler que dire la douleur d’une population ne veut pas dire nier celle de l’autre.
Comme une déflagration supplémentaire, le 7 octobre a distendu des liens amicaux. Ici, Alicia Herz écrit à un ami avec qui le dialogue a été rompu ce jour-là. Une lettre pleine de colère qui, partant d'une adresse à l'ami en question, s'adresse à la société entière.
À mi-chemin entre le questionnaire de Proust et un inventaire à la Prévert, ces questions proposent une plongée dans nos cultures individuelles pour tenter de dessiner la culture collective de Golem.
Pour apprendre à connaître quelqu’un, lui demander quelle est sa recette préférée est une excellente porte d’entrée. En un plat ou deux on peut recueillir des indices sur ses goûts, son héritage culturel et ses habitudes de vie. Une simple assiette et on peut déjà déceler l’unicité d’une personne, parfois même la multiplicité de ses identités.
Tandis que les cadres insoumis ne comprennent l’antisémitisme qu’au prisme des notions d’instrumentalisation et de « rayon paralysant », Choham Sudre propose ici une réflexion stimulante sur la place de l’antisémitisme en France. Elle analyse les formes que revêt la lutte contre l’antisémitisme et formule des pistes pour la rendre efficace.