Le sépharadisme : petite histoire d’un mouvement équilibriste

Damien Fabre / Illustrations : Mathilde Roussillat Sicsic

Sionisme ou diasporisme ? Et si ces deux approches de la judéité pouvaient se conjuguer ensemble. C’est ce qu’illustre Damien Fabre, journaliste et doctorant en histoire, avec le cas méconnu du mouvement sépharadiste, qui s’était développé au début du XXe siècle dans les communautés sépharades de Grèce et des Balkans.

La situation violente et dramatique entre Israël et la Palestine semble réactiver le vieux débat qui consiste à opposer sionisme et diasporisme. Comme si la judéité devait se réaliser forcément dans l’un de ces deux pôles et que tout un chacun était sommé de choisir un camp. Ce débat semble aujourd’hui traverser les organisations de Juifs et alliés de gauche. Le collectif Golem se voit ainsi caractérisé sur les réseaux, par ses détracteurs, de « sioniste de gauche », indépendamment de la réalité ou non de cette affirmation. À l’inverse, des groupes antisionistes comme l’UJFP ou Tsedek disent s’intéresser au diasporisme, comme lors de leur « meeting juif international » le 30 mars dernier. Poser cette opposition factice entre sionisme et diaspora, aujourd’hui, à la lumière de la situation dans le bande de Gaza, n’est pas neutre. Il y a là un décalque de l’opposition entre sionistes et antisionistes. La question qui est implicitement posée est la suivante « Où les Juifs doivent-ils vivre ? » et de facto « Qu’est-ce qui fonde le droit de vivre à tel ou tel endroit ? Quel est le lien entre identité, construction nationale et territoire ? ». Sans prétendre répondre à ces questions, nous avons souhaité éclairer ce débat sous un jour différent, en prenant le recul de l’histoire, et en mettant en lumière un mouvement politique et culturel méconnu, le sépharadisme, qui a tenté, d’apporter sa propre formulation de ces thématiques, pour concilier diasporisme et sionisme : en vain, on le verra.

Remontons aux racines du mouvement. Elles sont à trouver au XIXème siècle, à l’interface de deux empires : l’ottoman et l’austro-hongrois. Le sépharadisme naît de la rencontre de deux phénomènes. Tout d’abord, à Vienne, des intellectuels ashkénazes développent un véritable attrait orientaliste pour les Sépharades. Il faut dire que la ville est une terre de rencontre dans laquelle cohabitent les deux communautés. Ainsi, ces intellectuels mettent en avant la période d’Al-Andalus, décrite comme un âge d’or de cohabitation prospère entre les Juifs et les pouvoirs locaux. L’idée est d’établir un parallèle avec leurs propres aspirations à l’intégration dans la société autrichienne. Ce regard ashkénaze contribue à faire prendre conscience aux Sépharades viennois de leur propre spécificité et de l’intérêt de la promotion et de la préservation de leur culture. Plusieurs revues en judéo-espagnol ou en castillan sont ainsi créées dans ce but à partir de 1864. On peut ainsi citer Guerta de Istorya (1864-1865), El Dragomán (1864-1866), El Nasional (1866-1867) et plus tard El Progreso (1895-1900) ou El Correo Sepharadi (1923-1924). Autant de publications qui souhaitent défendre la sépharadité via l'affirmation linguistique. À ces velléités culturelles, il faut ajouter une autre dynamique, bien plus politique. Les changements de frontières au sein de la Yougoslavie et plus précisément de la Bosnie, sont en effet au XIXe siècle le creuset d’une construction politique originale qui va aboutir au sépharadisme. La Bosnie est un territoire intégré à l'Empire ottoman jusqu'à son occupation par l'Autriche-Hongrie à partir de 1878, puis son annexion définitive en 1908. Ces bouleversements amènent — là encore — des communautés ashkénazes de l'Empire austro-hongrois à entrer en contact avec les Sépharades des territoires ex-ottomans. Que ce soit par des mouvements migratoires au sein des Balkans, ou par le biais du monde universitaire. Un des effets de ces nouveaux contacts est l’importation du sionisme auprès des Sépharades des Balkans. Cette nouvelle idéologie politique ne parvient pas à s’installer localement sans s’hybrider profondément sous l’influence d’une culture locale inspirée par le système ottoman du millet qui avait été vécu plutôt positivement par les communautés juives locales. À ce stade, il nous faut décrire de quoi il s’agit et expliquer en quoi son influence va amener à une reformulation locale du sionisme. Le système du millet était le mode de gestion des cultes minoritaires au sein de l’Empire ottoman. Les communautés religieuses reconnues et qui se voyaient conférer le statut de millet, jouissaient d’un droit particulier et d’une autonomie accrue au sein de l’Empire. Ce système « à la carte » est incompréhensible dans le cadre d’un État-Nation en quête d’uniformité ethnico-religieuse. Le sionisme est précisément né dans ces États-Nations et les a pris pour modèles. L’idée est de créer une nation juive majoritaire sur sa terre et non pas de vivre dans une mosaïque de communautés minoritaires, parfois autonomes mais toujours tributaires des nations d'accueil. On comprend dès lors pourquoi la greffe du sionisme a eu du mal à prendre dans un territoire marqué par la gestion ottomane des cultes. C’est fort de ces deux influences que le sépharadisme se forge progressivement : la prise de conscience d’une spécificité culturelle à défendre d’une part, et la volonté d’adapter le sionisme aux habitudes politiques des sépharades yougoslaves d’autre part.

En quoi consiste dès lors ce fameux sépharadisme ? Il se caractérise par la volonté de coordonner les communautés sépharades éparpillées à travers le monde, de les homogénéiser et de les fortifier pour leur permettre de retrouver ce que les membres de ce mouvement estiment être une gloire d’antan, « un nouvel âge d’or » comme durant la période fantasmée qui a précédé l’expulsion des Juifs d’Espagne. Si le projet, formulé ainsi, peut apparaitre profondément diasporique, en réalité, dès le départ le mouvement sépharadiste soutient activement le projet sioniste de construction d’un foyer national en Palestine. S’il cherche à contester le leadership ashkénaze sur le mouvement sioniste, c’est uniquement pour obtenir plus de visas d’installations en Palestine pour les migrants sépharades et non pas pour contester l’orientation globale du projet. Ce courant de pensée finit par se structurer. C’est en 1923 que débute le processus d’élaboration d’un mouvement sépharadiste mondial. Cette année là a lieu le congrès sioniste de Carlsbald, auquel n’assiste qu’un petit nombre de délégués sépharades. Ces derniers, conscients de leur faible poids et de leur manque d’organisation se retrouvent en marge du congrès dans l'optique de jeter les bases d’un mouvement. Pour ce faire, ils se constituent en comité d'organisation d'un premier congrès universel des Juifs sépharadims. Le résultat de leur travail se concrétise en 1925 avec la fondation, à Vienne, de la Confédération universelle des Juifs Sépharadim en marge de la tenue du quatorzième congrès sioniste mondial. Cette organisation est totalement restructurée en mai 1930, date de la tenue, à Belgrade, de la conférence des Juifs Sépharadim des Balkans. Loin d'être un événement local, cette conférence permet aux délégués de nombreux pays de se retrouver. Aux côtés des représentants des communautés bulgares, grecques, roumaines et yougoslaves se trouvent des délégués de Paris, de Milan et de Jérusalem. Durant cette grande réunion, la volonté de donner un second souffle à la Confédération Universelle des Juifs Sépharadims s'exprime. L’organisation se centralise autour d’un comité central qui s'installe à Paris et se dote d’un organe de communication : le Judaïsme Sépharadi. Cette revue qui a existé de 1932 à 1966 est de nos jours la principale fenêtre permettant d’en apprendre plus sur l’histoire de ce mouvement sépharadiste. Dans les années qui suivent, l’organisation s'agrandit à plusieurs autres communautés sépharades importantes, comme celle d’Italie ou encore du Royaume-Uni. De fait, il faut changer les statuts pour permettre au mouvement de s’adapter à cette nouvelle donne. C’est la raison pour laquelle la Confédération Universelle des Juifs Sépharadims se transforme en 1935 en Union Universelle des Communautés Séphardites. L’accroissement continue de façon ininterrompue jusqu’à l’Occupation de la France par l’Allemagne nazie. Les activités cessent alors pour ne reprendre qu’après guerre. Du 4 au 8 novembre 1951 se tient le Congrès séphardi mondial au cours duquel des délégués de communautés sépharades du monde entier se réunissent et décident de la création de la Fédération Séphardite Mondiale dont le siège ne se trouve pas à Paris, mais à Londres. Cette nouvelle organisation portant le mouvement sépharadiste n’a de cesse de s'agrandir dans ces premières années avant de stagner à partir des années 1960. 

Avec la création d’Israël, événement majeur de l’histoire du judaïsme, le mouvement se transforme progressivement. Le rapport au sionisme change. Avant la Seconde Guerre mondiale, les objectifs affichés par les différentes organisations sépharadistes successives sont avant tout de défendre les Sépharades dans leurs droits, face aux pouvoirs locaux mais aussi face aux instances du mouvement sioniste mondial. Ainsi plusieurs articles font état des actions entreprises pour permettre de défendre les familles sépharades cherchant à s’installer en Palestine et ne parvenant pas à obtenir de visas en comparaison des familles ashkénazes. Les choses changent du tout au tout en novembre 1951 au cours du Congrès séphardi mondial qui aboutit à la création de la Fédération Sépharadite Mondiale. Lors de son discours introductif du congrès, Ovadia Camhy — une des figures du mouvement — prononce cette phrase : « Il n’y a derrière ce congrès aucune ambition politique, mais il y a devant et derrière ce congrès le désir de servir le judaïsme, qui est bien malade et qui a besoin, lui aussi, d’être vivifié. ». Non seulement il est ici question de servir le judaïsme global et non plus les communautés sépharades à travers le monde, mais, de plus, il convient de refuser les « ambitions politiques ». Cette ligne « apolitique » est confirmée par Bechor-Shalom Sheetrit (1895-1967), ministre de la police d'Israël et représentant de son gouvernement au congrès. Celui-ci, trouvant que les débats deviennent trop revendicatifs, décide d'intervenir en des termes tout à fait éloquents comme le montre le compte rendu de ses propos dans Le Judaïsme Sépharadi :

« 1 ) On avait décidé que ce Congrès ne s’occuperait pas de politique, et, par conséquent, il prie les orateurs de se conformer à cette ligne de conduite ; 

2 ) Les délégués d’Israël ayant déclaré qu’il n’existe pas de discrimination dans ce pays, il faudrait cesser une fois pour toutes d’en parler dans ce Congrès. 

L'orateur est d'avis que la présente assemblée doit débattre d'autres problèmes, comme celui de l’éducation, de l’aide de la Diaspora aux Séphardim d’Israël, etc. »

Il faut ici comprendre comme « politique » le fait de dénoncer les discriminations subies par les Sépharades en Israël, notamment à leur arrivée dans le pays, ainsi que leur situation profondément inégalitaire vis-à-vis des Ashkénazes. Les Juifs d’Afrique du Nord et du monde arabe ont en effet subi de graves discriminations dans leur intégration, et les instances sépharadistes, majoritairement européennes, s’estimaient solidaires de leurs frères du monde arabe. Or, si inégalités il y a, elles ne doivent donner lieu à aucune contestation du gouvernement israélien et de sa politique, car les discriminations ne sauraient exister entre Juifs. Les inégalités de situations ne sont que les conséquences d’une différence d’éducation entre des populations issues de pays aux niveaux de développements variés. Il convient donc d'œuvrer uniquement sur le terrain éducatif, pour former les Sépharades afin qu'ils puissent égaler les Ashkénazes plutôt que de protester « politiquement ». Voilà le sous-texte de l'intervention du ministre qui sera reprise par d'autres orateurs au cours du congrès. C'est bien cette ligne qui l'emporte. Elle suscite l’enthousiasme et l’adhésion, parce que l’établissement de l’État d’Israël les grise et les rend optimistes quant à l’intégration sociale et politique à venir des Sépharades d’Afrique du Nord et des Mizrahim. En témoignent les principes de la nouvelle Fédération Séphardite Mondiale adoptés par le congrès :

« 1) Unité indivisible du peuple juif ;

2) Aide à l’État d’Israël pour la réalisation de ses buts ;

3) Maintien et renforcement du patrimoine spirituel et culturel du Judaïsme ;

4) Collaboration avec les grandes organisations juives ;

5) Aucune tendance politique. »

Aucun objectif propre au monde sépharade n’est cité. L’État d’Israël est quant à lui directement mentionné, contrairement à la diaspora. Désormais, une ligne unitaire juive l’emporte sur une ligne particulariste sépharade. Mais parce que ces débats s’organisent au sein du sionisme, et parce que abandonner le particularisme sépharade au nom de l’unité juive conduit à ignorer les communautés de la diaspora, tout cela a pour conséquence un abandon clair de la ligne diasporique. Certes, dès le départ le sépharadisme a toujours été sioniste et a eu à cœur d'œuvrer à la construction du foyer national juif, mais il continuait de s’atteler, dans le même temps, au développement et au renforcement des différentes communautés sépharades à travers le monde. Il conservait donc une ligne de crête qui ne tranchait pas tout à fait le débat entre sionisme et diasporisme. Six ans après la fin de la Shoah et trois ans après la fondation d’Israël, l'heure semble être à l'unité, quitte à mettre sous le tapis certaines revendications propres liées aux inégalités et mauvais traitements éventuels subis par les populations sépharades dans le nouvel État. Dans le même mouvement s’opère une dépolitisation, et l’organisation se cantonne essentiellement aux actions culturelles et éducatives. Cet abandon de la ligne diasporique est d’ailleurs regretté par certains membres de l’organisation. C’est le cas avec Simon S. Nessim, en décembre 1955. À cette époque, ce Sépharade grec, établi à New York, occupe la fonction de vice-président de la Fédération Séphardite Mondiale. Il s’exprime alors publiquement pour déplorer que — selon lui — les communautés sépharades de la diaspora se trouvent pour la plupart dans un état de délabrement avancé, en grande partie dû à la Seconde Guerre mondiale. Il ajoute ainsi que pèserait sur ces communautés une véritable menace existentielle de dilution de la judéité. Une menace qui ne serait que renforcée par les perspectives d’Alyoth en cela que ces départs videraient de leur population des communautés déjà affaiblies. Il reviendrait donc à la Fédération Séphardite Mondiale de cesser de focaliser ses efforts sur Israël pour plutôt apporter un soutien à ces communautés là où elles sont, notamment en leur fournissant des leaders spirituels à même de stopper ce risque de dilution et de disparition. Malgré cet appel, on ne constate pas de changement dans la suite de l’organisation. Le sépharadisme continue donc de porter des projets avant tout culturels et finit par disparaître totalement à la fin du XXe siècle. Cette disparition est encore un champ d’études en cours, sur lequel il serait trop compliqué de tirer des conclusions définitives. On serait tenté, de prime abord, d’y voir une conséquence à retardement de la Shoah : les bastions sépharades de Yougoslavie et de Grèce ont été exterminés en quasi-totalité par les nazis. Cette analyse a toutefois ses limites. Le mouvement Sépharadiste s’est organisé dès les années 1930, non pas en Yougoslavie, mais au sein des communautés grecques, turques et yougoslaves de Paris et de Londres et de nombreux cadres du mouvement ont réussi à échapper aux exécutions nazies. D’autres pistes peuvent être explorées, notamment la situation paradoxale dans laquelle est tombée le sépharadisme en s’organisant depuis l’Europe de l’ouest, alors que son cadre mental et politique initial était en Yougoslavie et en proposant ainsi un cadre communautaire inopérant dans les nations civiques que sont la France ou le Royaume-Uni. Le sépharadisme pouvait ainsi apparaître comme une idéologie muséale, inadaptée aux lieux et aux temps où elle continuait de s’élaborer. En outre, avant la Seconde Guerre mondiale, du fait de l’influence culturelle et éducative de l’Alliance Israélite Universelle, la tentation fut par ailleurs forte de s’aligner sur un franco-judaïsme qui n’a rien à voir avec la forme d’autonomie offerte par le système du millet. Par la suite, cette perte de spécificité du mouvement s'est accentuée, à mesure qu’il ne parvenait plus à dire, en quoi ses objectifs différaient encore de ceux de l’État d’Israël. De futurs travaux de recherches devront explorer ces pistes.

Ainsi, un mouvement comme le sépharadisme qui avait décidé de ne pas trancher entre le diasporisme et le sionisme a été amené à le faire, suite à la fondation de l’État d’Israël. Ce qui pouvait supporter l'ambiguïté avant 1948 s’est clarifié à cette date, et, notamment au congrès de 1951, le sépharadisme est devenu pleinement un sionisme. Est-il possible à partir de cette exploration du passé de tirer des leçons pour le temps présent ? Dresser un tableau exhaustif de la situation actuelle des Sépharades dans le monde mériterait un article à part entière. Il y aurait beaucoup de choses à en dire et notamment sur la disparition progressive du judéo-espagnol comme langue vivante malgré le travail d’associations de passionnés comme Aki Estamos ou Vidas Largas. Ce n’est toutefois pas l’objet de ce papier. Pour revenir à notre question initiale, l’attitude qui fut celle du sépharadisme de chercher à concilier diasporisme et sionisme est paradoxalement en vigueur chez de nombreuses associations juives françaises. On peut citer par exemple le CRIF qui est capable d’encenser le franco-judaïsme, tout en faisant preuve d’un sionisme sans faille, alors que ces deux positions pourraient sembler paradoxales. De la même façon, Haïm Korsia, Grand Rabbin de France, n’a de cesse de dire que les Juifs ont un avenir en France, tout en affichant, lui aussi, une forte conviction sioniste. Entendons-nous bien, ce n’est pas l’héritage du sépharadisme qui se serait par magie transmis au CRIF ou au grand Rabbin de France. Cette position entre deux, cette étrange ligne de crête, qui provoque parfois des accusations de doubles allégeances, s’est imposée de fait à de nombreuses organisations juives. Attention toutefois, sur cette ligne de crête, il apparaît important de ne pas se dépolitiser comme l’a fait jadis le sépharadisme. Un éventuel rapport affectif à Israël ne doit pas empêcher de rester alerte vis-à-vis du gouvernement israélien. Il est d’autant plus important que se fassent entendre des voix juives de gauche, progressistes et humanistes qui évitent le double écueil que constitueraient d’une part un soutien béat au gouvernement israélien ou  — à l’inverse — d’autre part, de sombrer dans un antisionisme servant trop souvent de cache-sexe à l’antisémitisme. De la même façon, il y a une forme de double impasse à considérer —  d’un côté — qu’Israël n’aurait strictement rien à voir avec le judaïsme, ou — d’un autre côté — à voir cet État comme la seule planche de salut des Juifs à travers le monde.

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