Le Rassemblement National : un parti antisémite défenseur des Juifs ?

Nessi Gerson

Alors que le Rassemblement National prétend défendre et représenter les Juifs, il convient de disséquer en détail ces prétentions : ce parti est toujours antisémite, que ce soit dans sa doctrine, dans son recrutement et son rapport à son propre passé. Les tentatives que ses cadres mènent pour se présenter en défenseurs des Juifs, sont, de leur propre aveu, un instrument de respectabilité et de division.

Le 12 novembre 2023, Marine Le Pen et Jordan Bardella défilaient à la marche contre l’antisémitisme et se plaçaient en protecteurs des juif·ves. Comment ne pas être pris de sidération face à cette participation quand on sait que, depuis le début des années 2000, la stratégie de dédiabolisation du Rassemblement National a fait de la dissimulation de l’antisémitisme, pourtant au cœur de son idéologie, la pierre angulaire de sa course au pouvoir ?

En se plaçant ainsi en défenseur des juifs et des juives de France, le RN cherche à revêtir le masque de l’acceptabilité sociale pour rompre avec son image historique de parti antisémite et suggérer que cette page serait désormais tournée. Il n’en est rien. L’antisémitisme est consubstantiel au Rassemblement National, à son histoire comme à sa matrice idéologique. Il continue de déborder de toutes parts et de façonner la vision du monde qu’il déploie, malgré les tentatives de le dissimuler.

Cette nouvelle posture, pour scandaleuse qu’elle soit, suscite un certain attrait électoral auprès de la communauté juive française. Face à la montée du « nouvel antisémitisme », qui serait moins le fruit des stéréotypes traditionnels de la judéophobie chrétienne historique que celui d’une détestation de l’État d’Israël en tant qu’État refuge du peuple juif, un sentiment d’insécurité s’empare d’une partie de cette communauté¹. Si cet attrait électoral récent est avéré —  avant l’élection présidentielle de 2012, les juif·ves étaient deux fois moins nombreux à choisir Marine Le Pen que le reste des Français, ils ne le sont plus qu’un tiers de moins — il est toutefois à relativiser : depuis l’implosion de la droite, c’est le parti gouvernemental Renaissance qui semble recueillir le plus le suffrage des juif·ves de France².

Alors que l’extrême droite française (RN et Reconquête compris) a réalisé aux élections européennes le score scandaleusement élevé de 36,9%, envoyant 35 députés au Parlement européen, le risque de son accession au pouvoir après la dissolution de l’Assemblée nationale représente un grand péril pour la communauté juive française autant que pour les droits humains et la démocratie.

Illustration : Mathilde Roussillat Sicsic

eL’image de protecteur des juifs et juives : clé de voûte mensongère de la stratégie de dédiabolisation du RN

Enclenchée depuis le début des années 2000, la stratégie de dédiabolisation du RN — alors FN — a fait de la dissimulation de son antisémitisme la clé de voûte de sa course au pouvoir. Dans un entretien de décembre 2013,  Louis Aliot l’expliquait sans ambage : « En distribuant des tracts, dans la rue, le seul plafond de verre que je voyais ce n’était pas l’immigration ni l’islam… D’autres sont pires que nous sur ces sujets-là. C’est l’antisémitisme qui empêche les gens de voter pour nous. Il n’y a que cela. À partir du moment où vous faites sauter ce verrou idéologique, vous libérez le reste. »

Sur cet axe, un tournant majeur s’est opéré et s’est intensifié depuis le 7 octobre 2023. Le RN affirme depuis être devenu « le meilleur bouclier pour défendre les Français de confession juive » face au terrorisme islamiste. Dans un contexte où la gauche se divise sur la question de l’antisémitisme — La France Insoumise, partie prenante du Nouveau Front Populaire, entretenant depuis longtemps une ambiguïté problématique — cette posture a de quoi rendre amnésique. 

Non seulement cette rhétorique attise la peur au sein de la communauté juive pour mieux la rallier à son nationalisme raciste, mais elle tente de faire croire que l’antisémitisme, s’il continue d’être un problème en France, n’est plus un problème au sein de son parti. Non sans succès. Si des juif·ves de plus en plus nombreux se laissent convaincre par le vote RN, cela tient à deux raisons principales, qui forment un système que l’on peut qualifier de vision instrumentale inversée. 

La première de ces raisons tient au succès de la normalisation du RN, parvenu à faire croire qu’il a renoncé à être un parti antisémite. Certaines grandes figures de cette communauté, à l’instar de l’historien et avocat Serge Klarsfeld, se félicitent ainsi que « la lutte contre l’antisémitisme soit parvenue à ce que des partis traditionnellement antisémites abandonnent leur haine des juifs ».  Pourtant grand défenseur de la cause des déporté·es juif·ves de France, Serge Klarsfeld a affirmé que le Rassemblement National a « fait sa mue » et « soutient les Juifs », abaissant la barrière qui fût longtemps érigée contre le parti lepéniste par les électeur·ices juif·ves.

La seconde tient au fait que, face à la perception de l’émergence du nouvel antisémitisme, une part des juif·ves français·es considère aujourd’hui que le danger proviendrait moins d’un parti prônant la « préférence nationale » — défendue en tant que privilège blanc, soit une catégorie dont les juif·ves sont exclu·es³ — que de celui des partis dits d’extrême gauche qui adopteraient une posture et des discours antisémites dans l’objectif de séduire l’électorat arabo-musulman. En d’autres termes, le Rassemblement national serait sincèrement devenu l’allié des juif·ves — ce qui revient à réfuter la supercherie instrumentale en cours — tandis que la France Insoumise cultiverait le nouvel antisémitisme dans sa course au pouvoir. Ce qui permet à Serge Klarsfeld de signaler que la FI est pire que le RN lorsqu’il annonce qu'en cas de duel avec la gauche lors du second tour des législatives, il voterait pour le Rassemblement National.


Pourtant, en plus d’être instrumentale, cette prétendue conversion est aussi complètement fausse. Comme l’affirment Judith Cohen Solal et Jonathan Hayoun, « Marine Le Pen veut expliquer aux Juifs français qu’elle va les débarrasser des problèmes que pose l’antisémitisme islamiste en maintenant elle-même des antisémites à ses côtés ». Il convient de démasquer l’imposture en deux temps. Premièrement, l’antisémitisme est et reste consubstantiel à l’idéologie qu’il déploie, qui est à la racine de la nouvelle position de défenseur des juif·ves qu’il prétend adopter. Deuxièmement, ce parti fondé par d’anciens collaborationnistes nazis n’a jamais renié ses origines. Ses représentants continuent de diffuser des thèses antisémites et négationnistes.

Illustration : Mathilde Roussillat Sicsic

L’antisémitisme consubstantiel à l’idéologie du RN

En grattant le vernis de la posture de défenseur des juif·ves, on s’apperçoit que l’idéologie déployée par le RN continue de développer une vision complotiste et antisémite du monde. 

L’instrumentalisation de la lutte contre l’antisémitisme du RN est elle-même fondée sur des idées antisémites

Il convient d’analyser d’emblée que cette nouvelle posture de défense des juif·ves et de soutien à l’Etat d’Israël est en réalité elle-même basée sur des présupposés racistes et antisémites. 

D’une part, l’utilisation faite par le RN de la théorie du nouvel antisémitisme est basée sur un présupposé raciste. En interprétant les causes de l’antisémitisme à partir d’un critère ethnico-religieux individuel, elle déplace l’analyse du terrain des idées vers celui des personnes, ou des communautés, et de leurs origines. Dans ce cadre analytique, la lutte contre l’antisémitisme conduit non pas à prévenir et réprimer les idées et discours de haine anti-juive, mais à poursuivre des personnes en fonction de leur origine dans une approche préventive qui priverait in fine les personnes étrangères visées de leurs libertés individuelles fondamentales. Il y aurait des personnes antisémites par nature, par origine, et d’autres que leur origine dédouanerait de tout antisémitisme. Cette interprétation du phénomène antisémite — qu’il soit nouveau ou ancien — en plus d’être inopérante, renouvelle les violences qu’elle se propose de combattre.

D’autre part, le soutien apporté par le RN à Israël n’est pas sans rappeler le « sionisme antisémite » — tel que l’a analysé Denis Charbit — qui voit dans l’État d’Israël une possible résolution du « problème juif » par le départ. Par ailleurs, si Marine Le Pen défend « le droit à se défendre » d’Israël à la suite de l’attaque du Hamas du 7 octobre, c’est pour servir son programme xénophobe. Dans la foulée, elle faisait un parallèle avec l’impératif de lutter contre le terrorisme islamiste en France avec le programme qu’on connaît : double peine des délinquants ayant une origine étrangère et déportation massive des populations migrantes en situation administrative complexe. « Il faut expulser systématiquement, préventivement, les étrangers qui présentent un danger pour la sécurité de nos compatriotes » martelait Jordan Bardella sur CNews les jours suivant le drame.

Les motifs antisémites de la lutte contre le « mondialisme » 

L’identitarisme, l’un des piliers de la matrice idéologique du RN, comme du reste de l’extrême-droite, est fondé sur une théorie complotiste accusant directement ou indirectement les juif·ves. Selon les identitaristes, la civilisation blanche chrétienne serait menacée par l’immigration massive de populations issues de pays arabo-musulmans anciennement colonisés, autant que par la perversion des valeurs traditionnelles de la société chrétienne ; ces menaces résultant toutes deux de la mondialisation. Dans cette idéologie xénophobe, les juifs jouent le rôle d’orchestrateurs du « grand remplacement » autant que que de l’importation d’idéologies corruptrices. 

Il s’agit là d’une utilisation classique du trope antisémite historique d’un complot juif qui influerait sur l’ordre mondial pour servir ses intérêts. En effet, les responsables de ce trouble identitaire national, systématiquement pointés du doigt dans les discours de MLP comme des responsables du RN, sont tous juifs : Rothschild, Soros, Bernard-Henri Lévy, Jacques Attali, sont régulièrement cités… En 2020, Nicolas Bay, eurodéputé et alors membre de la direction du RN, demandait ainsi que la France quitte la Cour Européenne des Droits de l’Homme car elle serait « guidée par George Soros et son agenda visant à imposer une société ouverte ». Ce philanthrope juif d’origine hongroise est accusé d’être le nouveau chef de fil d’un complot mondial juif qui serait parvenu à infiltrer les institutions internationales pour les mettre au service d’une « élite mondialisée » juive et de son idéologie. Malika Sorel, numéro deux de la liste du RN pour les européennes n’a pas hésité à déclarer « nous sommes en guerre contre les cosmopolites », réactivant à nouveau de manière implicite ce schème antisémite.

Un parti aux alliances européennes ouvertement antisémites 

Les alliés du RN à l’échelle européenne déploient eux aussi une idéologie suprémaciste fondée sur l’antisémitisme. Marine le Pen est proche de Viktor Orban, premier ministre hongrois, lequel ne veut pas de « race mixte », décore des antisémites notoires, dont Mihaly Takaro, écrivain radical admirateur d’écrivains antisémites, et réhabilite Miklós Horthy, régent hongrois entre 1920 et 1944 et promulgateur de lois antisémites. 

Le RN a cohabité et coopéré pendant des années avec l’Alternative für Deutschland (AfD), parti d’extrême droite allemand infesté de néo-nazis et porteur de discours antisémites et négationnistes. Leur rupture très récente — fin mai 2024 — n’est que pure cosmétique électorale qui vise à la désaffiliation d’un parti dont les scandales trop nombreux et visibles sont jugés néfastes pour l'œuvre de normalisation en cours. Dans la même logique, le RN s’est éloigné du FPÖ, le parti autrichien d’extrême droite qui multiplie les déclarations nostalgiques du Troisième Reich. Marine Le Pen avait fait polémique en rencontrant son leader lors d’un bal à Vienne en 2012.

Enfin, Marine Le Pen est historiquement proche de Vladimir Poutine, qui, principalement depuis 2014 et l’annexion de la Crimée, instrumentalise l’histoire nazie en la révisant pour justifier l’invasion de l’Ukraine. Les Ukrainiens sont ainsi accusés par la propagande du Kremlin d’être un peuple sous influence néonazie, en particulier du fait des « Bandérites » (terme issu de la figure controversée de Stepan Bandera, un nationaliste ukrainien ayant collaboré avec l’Allemagne nazie pendant la Seconde guerre mondiale). Leur président, Volodymyr Zelensky serait, aux dires du président russe, celui que « les États occidentaux ont placé, un Juif ethnique, avec des racines juives, avec des ancêtres juifs, à la tête de l'Ukraine moderne. »

L’antisémitisme du RN : de ses fondateurs à ses dirigeants et représentants actuels

Une fois l’antisémitisme de son idéologie (re)mis en lumière, il est plus aisé de débusquer ses manifestations, à partir de ses origines historiques, que le parti n’a jamais remises en cause malgré un changement de nom et de président, mais aussi dans les prises de paroles et les actes de ses représentants durant les dernières campagnes électorales.

Un parti fondé par des collaborationnistes, que les cadres du RN n’ont jamais reniés 

Le Front national est un parti né en 1972, à l’initiative d’Ordre Nouveau, un groupuscule fasciste. Il est fondé notamment par Jean-Marie Le Pen, officier tortionnaire en Algérie et multi-condamné pour antisémitisme et contestation de crimes contre l’humanité et Pierre Bousquet, militant collaborationniste et ancien Waffen SS. On pourrait s’étendre longuement sur la liste de ses fondateurs collaborationnistes : Léon Gautier, lui aussi ancien Waffen SS, Roland Gaucher, responsable des Jeunesses nationales populaires, François Brigneau, engagé dans la Milice française sous Vichy

Le RN n’a jamais rompu avec cet héritage politique. Marine Le Pen déclarait encore le 23 novembre 2023 que le collaborationnisme et l’antisémitisme de ses fondateurs est un « mensonge historique » et affirmait « tout assumer » de l’histoire de son parti. Comment pourrait-elle faire autrement lorsque le négationnisme et l’antisémitisme restent largement répandus dans les rangs du RN ?

Bien qu’elle ne soit plus assumée frontalement, la contestation du génocide des juif·ves reste une composante de l’idéologie du Rassemblement National. Si ses dirigeants ont fini par considérer que leur parti était condamné à la stagnation s’il n’escamotait pas son négationnisme, les représentants et cadres du parti ont bien du mal à le cacher. Ainsi, Frédéric Boccaletti, député RN et candidat reconduit aux législatives en cours a réédité l’antisémite Charles Maurras dans sa librairie d’extrême droite, qui compte également dans ses rayons des auteurs négationnistes. Jean-François Jalkh, eurodéputé RN, a nié l’utilisation du Zyklon B dans les chambres à gaz et donc l’existence de celles-ci. Marine Le Pen elle-même affirmait  en 2017 que « la France n’est pas responsable du Vél d’Hiv », alors que 13 000 juifs avaient été rassemblés au Vélodrome d’Hiver les 16 et 17 juillet 1942 par des policiers et gendarmes français, sous l’ordre de l'Administration française, avant d’être envoyés dans les camps de la mort. 

À l’image de la tête dirigeante du RN, qui a bien du mal à anesthésier son antisémitisme, on retrouve de nombreux dérapages dans les branches locales du RN : un membre RN  du conseil régional de Bourgogne Franche Comté employant en séance  le terme « untermensch » — signifiant sous-homme dans le vocabulaire nazi — lors d’une séance où ont également été brandies des pancartes « Violeurs étrangers : dehors ! » ; des anciens candidats aux législatives criant « Heil Hitler » en effectuant le salut nazi… Cela n’est pas étonnant quand on sait qu’une dizaine des députés RN sortants sont encartés au parti depuis plus de 20 ans, bien avant que le parti ne tente de faire croire à un quelconque aggiornamento sur sa relation aux juif·ves.

Illustration : Mathilde Roussillat Sicsic

Un parti qui tolère des cadres issus de groupuscules néo-nazis

En toute cohérence avec son origine antisémite et xénophobe, le Rassemblement National continue d’entretenir des liens étroits avec des groupuscules néo-nazis. 

Le Groupe Union Défense (GUD) compte deux de ses figures de proue parmi les proches collaborateurs du RN : Axel Loustau, connu pour ses saluts hitlériens, et Frédéric Chatillon, admirateurs des négationnistes Robert Faurisson et Léon Degrelle. Ils ont tous deux fait bénéficier les candidats du parti de leurs services de communicant politique lors des présidentielles de 2022, des européennes de 2024 et continuent sans nul doute de le faire aux législatives en cours. Axel Loustau est également l’ancien trésorier du microparti Jeanne qui a financé la campagne de Marine Le Pen aux dernières présidentielles. Le 11 mai dernier, les centaines de militants fascistes qui ont défilé dans Paris en agitant leurs drapeaux celtiques et en exhibant leurs tatouages nazis et leurs t-shirts aux messages suprémacistes, étaient menés par le fils d’Axel Loustau, Gabriel Loustau.

Ses représentants élus sont nombreux à être passés par des groupuscules d’extrême droite. Philippe Vardon, conseiller municipal de Nice RN, a fait ses débuts comme responsable du Bloc identitaire. On peut également citer Pierre-Romain Thionnet, ancien patron de La Cocarde, syndicat étudiant violent d’extrême droite et proche collaborateur de Jordan Bardella, qui fait aujourd’hui partie des 30 députés que le RN est parvenu à envoyer au Parlement européen le 9 juin. 

Appel à un front contre l’instrumentalisation de l’antisémitisme par les antisémites

Nous rejetons catégoriquement ces tentatives de l’extrême droite de se faire passer pour des soutiens des juif·ves dans la lutte contre l’antisémitisme. Il s’agit d’une imposture qui ne résiste pas à l’épreuve de l’examen de son programme politique, de ses références, de son idéologie et de ses alliances internes et internationales. 

Que la nouvelle posture du RN à l’égard des juif·ves de France soit instrumentale ou authentique, cela ne change rien au fond de l’affaire. Cette appropriation de la lutte contre l’antisémitisme n’a pas d’autre objectif que de promouvoir un agenda raciste pour mieux s’attaquer aux musulman.nes et aux étrangèr·es. En témoigne la répression du fait religieux voulue par ce parti (le voile autant que la kippa, l’abattage rituel halal autant que l’abattage rituel casher), qui vise toutes les minorités religieuses pour mieux viser les musulman·es, comme l’assume explicitement Louis Aliot. Les juif·ves, qui servent de prétexte pour continuer de distiller la haine de l'Autre et trouver des boucs émissaires, ne seront évidemment pas épargnés par la brutalité de cette idéologie raciste et antisémite. 

Lorsqu’un parti xénophobe tel que le RN prétend s’emparer d’une lutte antiraciste, c’est évidemment pour affaiblir la lutte antiraciste dans son ensemble. Nous refusons l’instrumentalisation de la mémoire traumatique d’une communauté, celle des juif·ves et de la Shoah, pour dénigrer d’autres communautés et leurs mémoires, dans le seul but qu’elles se considèrent comme ennemies. Rappelons que cette stratégie est conduite par un parti qui place la « préférence nationale » au cœur de son programme et de son action, séparant les Français blancs du reste de la population. 


Plus que jamais en cette période d’élections législatives, nous continuerons à combattre l’antisémitisme et tous les racismes face à ceux qui l’instrumentalisent et appelons la gauche et tous les antiracistes à faire front commun.

  1. Si le nouvel antisémitisme existe bel et bien, l’idée qu’il émanerait principalement des musulmans est démentie par les enquêtes quantitatives d’opinion. Dans le 33e rapport de la Commission nationale consultative des droits de l'homme sur la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie, au chapitre 1.2.2, Yuma Ando, Nonna Mayer, Vincent Tiberj et Tommaso Vitale concluent ainsi que « paradoxalement, et contrairement à la thèse d’un nouvel antisémitisme à base d’antisionisme et de défense de la cause palestinienne qui serait caractéristique des Musulmans, les scores sur cette dimension ne sont pas corrélés avec l’appartenance à l’islam et ils sont associés à une image négative de la Palestine ».

  2. Donnée issue de L’enquête électorale française Élections européennes réalisée par IPSOS pour le CEVIPOF/Sciences Po 

  3. Des blancs comme les autres ? Les juifs, angle mort de l’antiracisme, Ilana Weizmann

  4. À ce titre, nous saluons l’alliance réalisée au sein du Nouveau Front Populaire ainsi que l’engagement mis en avant de “lutter contre toutes les formes de racismes, d’antisémitisme et d’islamophobie”. Néanmoins nous appelons à court terme au retrait des candidat·es ayant tenu des propos antisémites, et à long terme à engager un travail de fond de formation pour mieux lutter ensemble. 

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